Tu t'y retrouves, toi?

Un. Deux. Trois.

Reprise de la scène.

'I was looking for a quiet place to die.
Someone recommended Brooklyn, and so the next morning I travelled down there from Westchester to scope out the terrain...'

AUSTER, The Brooklyn Follies.

LA: Manhattan me paraît tout aussi approprié, voyons. Quitte à disparaître d'une façon remarquée. Par ailleurs, jamais je n'aurais imaginé dire ça un jour, mais. New-York me manque.

"L'oeuvre d'art véritable naît de "l'artiste" -  création mystérieuse, énigmatique, mystique. Elle se détache de lui, elle acquiert une vie autonome, devient une personnalité, un sujet indépendant, animé d'un souffle spirituel, pas un phénomène fortuit qui apparaît indifféremment, ici ou là, dans le monde spirituel. Comme tout être vivant, elle est douée de puissances actives, sa force créatrice ne s'épuise pas. Elle vit, elle agit, elle participe à la création de l'atmosphère spirituelle."

KANDINSKY, Du spirituel dans l'art.

LE: En un sens, tout le monde voudrait être une oeuvre d'art.

LYNCH, Eraserhead.

LA: Que fais ta tête sur le carrelage ?
LE: She's looking for my body.

J'écrirai des maux sur l'écran noir de tes paupières.
Tu les effaceras, papillons de chair noyés.

Bonjour, aujourd'hui je vais vous raconter ma vie, bien que vous ne le méritiez pas et moi non plus. Il faut bien marquer le coup avant la nouvelle année, que voulez-vous. [J'en profite au passage pour vous avouer que je méprise d'ores et déjà 2008.]
J'écoute du Cabaret Voltaire mais je songe changer pour du Massive Attack, voyez-vous. Il faut dire qu'une amie m'a généreusement prêté un film hier dont la bande-annonce avait été composée par ce même groupe - que je vénère toujours autant. Mais ceci est hors de propos. Je suis actuellement assise sur un beau canapé rouge - et neuf - et j'ai le ventre plein, merci. Les repas de famille, vous connaissez sûrement (pour votre plus grand malheur ou non).

La nuit tombe, le vent se lève, la lune éclate et moi je rampe.

Mes pinceaux me demandent. Ces pauvres orphelins que j'ai lâchement abandonnés il y a quelques semaines de cela.  Les tableaux inachevés trônent, tandis que les idées brouillonent. Lentement, je ferme les yeux et je songe.

((( L'Acte I se veut prétentieux, absurde, burlesque & faux. Un Domaine dirigé par l'Egotisme. Une invitation à délaisser ce Lieu. Vague utopie & ironie monstre. )))

Vivez, dorénavant.

Le Néant, deux inconnu(e)s. A. et T. font place à la Farce & à l'Absurbe. Les costumes sont de mise, entrée payante. Vos jolies prunelles vont se fermer.

Didascalies incessantes, puis le Silence.


Les Amants séparés s'avancent, continuent de parler comme des sourds-muets dans une gare, avancent, hagards, et.

"Leur langage tragique au coeur noir du vacarme".

Bienvenue.

Tu es abstraite.

Assis, les yeux dans le vague, le vague à l'âme, le mal au coeur & le mal de mer. La place est à la cohue, Reine, tandis que le calme règne. Je t'aurais sussuré des mots, à travers le brouhaha ambiant. Incessant. Ce n'est plus la mer, mais l'Océan, submergeant le lieu-dit. J'ai imaginé une musique à travers ton être, je crois. Une douce mélodie, ou quelques consonnes qui résonnent. Cependant, je sais aussi. Le coup de foudre n'existe pas; le Raz-de-marée, oui.

Et je me blesse contre le carrelage froid de la Réalité.